Accepter l’initiative pour une eau potable propre bouleverserait l’agriculture suisse. Elle a dans son viseur non seulement la protection phytosanitaire, mais aussi l’affouragement des animaux de rente, la biodiversité, la recherche agricole et l’utilisation d’antibiotiques. L’obligation d’un fourrage produit exclusivement sur l’exploitation restreindrait drastiquement la production d’œufs, de viande de volaille et de viande de porc. Ces denrées alimentaires seraient alors de plus en plus importées de pays dans lesquels le niveau de bien-être animal est inférieur. Les sous-produits de l’industrie agroalimentaire, comme les sous-produits céréaliers de la filière de la meunerie, ne pourraient plus servir à nourrir les animaux comme c’est le cas aujourd’hui et finiraient dans des installations de biogaz ou d’incinération. Un non-sens écologique.
L’agriculture prend au sérieux les défis abordés dans l’initiative: avec le «Plan d’action national Produits phytosanitaires», la «Stratégie Antibiorésistance nationale», le «Plan d’action Biodiversité» et la «Stratégie pour un approvisionnement durable en fourrages d’origine suisse», le secteur de l’agriculture et les autorités travaillent à d’autres améliorations.
L’initiative dépasse largement le thème de l’eau potable et des produits phytosanitaires. Il s’agit d’un modèle de politique agricole qui remet en question l’agriculture et la détention animale suisses actuelles. Étant donné que l’initiative se concentre sur le complément de l’art. 104 de la Constitution fédérale, elle se concentre uniquement sur l’agriculture. D’autres acteurs, qui utilisent eux aussi des produits phytosanitaires et des biocides, ne sont pas concernés.